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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 22:02

 

 

Deux regards sur l'empathie
Jean-Paul Baquiast 04/05/2011


Certains commentateurs se sont étonnés en constatant comment, à l'occasion du récent séisme au Japon, beaucoup d'Européens qui n'éprouvaient jusque là que peu d'intérêt pour les Japonais se sont émus de voir les personnes et les biens emportés par milliers du fait du tsunami. Il semblerait que ces images, pourtant lointaines, suscitent chez le témoin un sentiment de souffrance et de sympathie partagé qui trouverait ses racines très loin dans le psychisme. Il en serait de même d'ailleurs de toutes les images de désastre et de mort que les médias, en d'autres occasions, se hasardent à présenter. L'effet de telssujets est d'ailleurs si fort que ces mêmes médias, d'un commun accord, préfèrent des thèmes plus riants.

Ceci rajeunit une vieille question: l'humain, présenté comme indifférent aux autres, voire porté au rejet agressif, serait-il « naturellement bon », ou plus exactement serait-il naturellement capable de comprendre et partager les sentiments de ses semblables, autrement dit éprouver de l'empathie?

La réponse peut paraître évidente. L'humain est fondamentalement un être social, communiquant par de multiples voies avec ses voisins. Il est donc génétiquement et culturellement « programmé » pour partager des états de conscience communs inspirés notamment par la survenue de situations à risques. Ceci n'est pas spécifique à l'humanité, puisque l'on observe des phénomènes semblables dans la plupart des sociétés animales, voire dans toutes les espèces biologiques.

On peut d'ailleurs faire valoir qu'à l'inverse du partage de « bons » sentiments, les sentiments de rejets collectifs de l'autre, voire de haine et d'agressivité, peuvent aussi très facilement se mutualiser dans un groupe. Les exemples en ont été et en demeurent encore nombreux.

Aussi, la lecture du livre récent de Jeremy Rifkin « Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Civilisation de l'empathie, 2009 » ( traduction française: Les liens qui libèrent, avril 2011) peut-elle susciter le doute. Nous avons nous-mêmes beaucoup de sympathie sinon d'empathie pour Jeremy Rifkin. Non seulement il s'agit d'un auteur sincèrement europhile, mais de plus ses divers ouvrages ont toujours mis en évidence, avec quelques mois ou années d'avance, les difficultés naissant de l'évolution du monde moderne et les solutions susceptibles de leur être apportées. Ceci notamment dans les domaines du travail, des biotechnologies, de l'énergie.

Mais peut-on conclure comme il le fait, en observant le rôle joué en ce sens par les technologies de la communication en réseau, que l'altruisme et la coopération soient en train de devenir de véritables normes autour desquelles se construirait le monde de demain? Il serait certes rassurant que puisse en découler, comme il le dit, un véritable altruisme cosmopolite? Mais ne voit-on pas déjà des tendances inverses se mettre en place, utilisant les réseaux pour promouvoir des sociétés fermées sur elles-mêmes, excluant autrui ou diffusant, ce qui est bien pire, des consignes de guerre ethnique ou religieuse? Le phénomène apparemment mineur qu'est le harcèlement par Internet auquel se livrent de jeunes enfants et que cherche actuellement à combattre l'Education nationale fournirait un argument de plus pour ne pas céder à l'optimisme naïf.

L'approche par les neurosciences

Nous serions tentés de penser que Jeremy Rifkin développe face à l'empathie une analyse certes encourageante mais davantage fondée sur de bons sentiments que sur des analyses véritablement scientifiques. Ce n'est pas le cas du livre « Zero Degrees of Empathy » que vient de publier Simon Baron-Cohen, directeur du Centre de recherche sur l'autisme à l'Université de Cambridge (Allen Lane). Celui-ci considère que les divers comportements définissant l'empathie (affective, cognitive...) trouvent dans l'ensemble leurs bases non pas dans des traditions culturelles mais dans le cerveau. De plus ces bases ne mettent pas en jeu le cerveau tout entier mais résident dans une dizaine de centres interconnectés qui ont été nommés par les neurologues défendant cette hypothèse le « circuit de l'empathie ».

L'existence des neurones-miroirs a été considérée par certains comme prouvant l'origine neurologique des comportements empathiques, mais le circuit de l'empathie évoqué par Simon Baron-Cohen ne se limite sans doute pas aux neurones-miroirs, qui ne sont d'ailleurs pas faciles à localiser.

Qui dit bases neurales dit aussi, par définition, organisation génétique héréditaire assurant la transmission et l'adaptation, à travers les générations et les espèces, des structures cérébrales adéquates. Ceci ne veut pas dire cependant que les sociétés et les groupes ne joueraient pas un rôle important pour encourager les comportements empathiques, dans quelques domaines que ce soit. Leur rôle pour produire de la cohésion sociale est important et la tradition culturelle a nécessairement été mobilisée pour assurer leur sélection et leur transmission. Simon Baron-Cohen ne nie donc pas les mécanismes d'interaction entre les gènes et les milieux sociaux permettant de faire apparaître, sur le mode épigénétique, les types d'empathies généralement observés aujourd'hui.

Il considère à cet égard que la pensée morale traditionnelle, en évoquant le Bien et le Mal comme des entités « réelles » susceptibles de s'emparer des individus pour leur dicter des comportements qu'il qualifie pour sa part d'empathiques (répartis par lui sur une échelle allant de zéro-empathie à 100% empathie), traduisait de façon symbolique la perception inconsciente qu'il ne s'agissait pas de choix laissés au libre arbitre et à la bonne volonté des individus, mais résultant de déterminismes socio-biologiques sous-jacents. Nous ne pouvons que le suivre dans cette approche.

On lira avec intérêt les applications qu'il donne de sa conception de l'empathie pour faciliter la compréhension des profils psychiques pathologiques, allant de l'autisme plus ou moins étendu aux désordres bi-polaires, au narcissisme aigu et aux divers comportements psychopathes bien identifiés. Dans tous ces cas, ce seraient des déficiences (zéro-empathie) au niveau des bases neurales susceptibles de générer de l'empathie qu'il faudrait rendre responsables de ces troubles.

Mais comme selon lui le déterminisme génétique n'est jamais absolu, il considère que notamment dans le domaine de l'éducation de l'enfant, certaines des tendances à l'enfermement dans le manque d'empathie détectées de bonne heure (enfermement dans le Mal auraient dit les moralistes anciens) pourraient être prévenues ou atténuées par l'éducation ou par différents médiateurs (testostérone?) ou psychotropes restaurant la capacité d'attention à l'autre. Nous nous bornerons ici à renvoyer le lecteur à l'ouvrage de ,Simon Baron-Cohen pour juger de la pertinence de ces analyses.


Pour en savoir plus

Sur l'empathie en général, voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Empathie
Sur Jeremy Rifkin http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeremy_Rifkin
Sur Simon Baron-Cohen http://fr.wikipedia.org/wiki/Simon_Baron-Cohen

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commentaires

N
Bonjour je me prénomme nadia mère de 3 enfants. Je vivais à briouze avec mon mari, quand en 2018 il décida d'aller en voyage d'affaire à Bresil , où il tomba sur le charme d'une jeune vénézuélienne et ne semblait même plus rentrer. Ces appels devenaient rares et il décrochait quelquefois seulement et après du tout plus quand je l'appelais. En février 2019, il décrocha une fois et m'interdit même de le déranger. Toutes les tentatives pour l'amener à la raison sont soldée par l'insuccès. Nos deux parents les proches amis ont essayés en vain. Par un calme après midi du 17 février 2019, alors que je parcourais les annonce d'un site d'ésotérisme, je tombais sur l'annonce d'un grand marabout du nom ZOKLI que j'essayai toute désespérée et avec peu de foi car j'avais eu a contacter 3 marabouts ici en France sans résultât. Le grand maître ZOKLI promettait un retour au ménage en au plus 7 jours . Au premier il me demande d’espérer un appel avant 72 heures de mon homme, ce qui se réalisait 48 heures après. Je l'informais du résultat et il poursuivait ses rituels.Grande fut ma surprise quand mon mari m’appela de nouveau 4 jours après pour m'annoncer son retour dans 03 jours. Je ne croyais vraiment pas, mais étonnée j'étais de le voire à l'aéroport à l'heure et au jour dits. Depuis son arrivée tout était revenu dans l'ordre. c'est après l'arrivé de mon homme que je décidai de le récompenser pour le service rendu car a vrai dire j'ai pas du tout confiance en ces retour mais cet homme m'a montré le contraire.il intervient dans les domaines suivants Retour de l'être aimé Retour d'affection en 7jours réussir vos affaires , agrandir votre entreprises et trouver de bon marché et partenaires Devenir star Gagner aux jeux de hasard Avoir la promotion au travail Envoûtements Affaire, crise conjugale Dés-envoûtement Protection contre les esprits maléfices Protection contre les mauvais sorts Chance au boulot évolution de poste au boulot Chance en amour La puissance sexuelle. agrandir son pénis Abandon de la cigarette et de l'alcool voici son adresse mail : maitrezokli@hotmail.com vous pouvez l'appeler directement ou l 'Ecrire sur whatsapp au 00229 61 79 46 97
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F
<br /> <br /> Blog(fermaton.over-blog.com).No-30. THÉORÈME BALTASSAR.--DÉSORDRE SOCIAL ??<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> A monique Esser<br /> <br /> <br /> Vous avez tout à fait raison. Mais je ne pense pas avoir dit des choses très différentes des vôtres.<br /> <br /> <br /> L'empathie n'est pas seulement positive comme le croit Rifkin. On peut éprouver de l'empathie dans le crime partagé.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Je réagis à votre article laudatif sur l'empathie. Plutôt que d'encenser nos capacités d'empathie - qui sont très réelles quand les conditions favorables leur permettent de s'exprimer - il serait<br /> urgent d'engager des analyses et des recherches critiques à propos de tout ce qui fait que nous n'utilisons pas ce potentiel dans nos actes. Si non, comment expliquer le harcelement chez les<br /> ados, la soufrance au travail, l'indifférence de nos collègues, etc... etc.. Je crois Il faut partir du principe que l'empathie n'est consistante - et donc pas seulement épidermique face aux<br /> catastrophes - quand elle s'exprime dans le quotidien. L'industrialisation à outrance, la consommation immédiate et la surcharge informationnelle dans laquelle nous sommes modifie nos<br /> possibilités d'empathie en emprofondeur. Interroger Edgard Morin à ce sujet : je crois que cela vaudrait la peine. Slalutations cordiames. Monique Esser  <br /> <br /> <br /> <br />
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