LE LIBRE ARBITRE SCIENTIFIQUEMENT REFUTE
par Jean Robin
Editions TATAMIS
septembre-octobre 2016
commentaire par Jean-Paul Baquiast 24/09/2016
L’auteur :
Jean Robin, journaliste et éditeur, a publié 35 livres à ce jour. Du livre pour être heureux (2013) en passant par Ils ont tué la télé publique (2006), il défend la liberté d’expression, l’ouverture d’esprit et la démocratie. Il a fondé la maison d’édition Tatamis en 2006 et le site d’information en ligne Enquête & Débat en 2010.
1) Présentation de l'ouvrage
.Nous nous appuyons pour ce faire afin de gagner du temps, sur ce qu'en dit le site du livre
Les thèmes.Le non choix de naître:
La grossesse et la naissance : Grossesse – Enfant non désiré – Alimentation de la mère – Naissance – Par césarienne – Prématuré – Bébés – Les différentes influences une fois né
Notre corps :
Notre patrimoine génétique – Nos membres – Les mécanismes qui nous maintiennent en vie – Notre cerveau – Nos cinq sens – Nos hormones et nos émotions – Notre genre – Notre beauté – Notre attirance pour les filles ou les garçons – Notre sexualité – Nos nom et prénom – Notre vieillissement – Notre espérance de vie
Nos dons à la naissance ou qui se révèlent plus tard
Notre femme (ou notre mari)
La famille dans laquelle nous naissons :
Nos frères et sœurs – Nos parents – Notre belle-famille – Nos grands-parents
Le choix de notre école
Abus sexuels ou violence
L’époque à laquelle nous naissons
Le lieu où nous naissons
Nos enfants (ou notre enfant)
Notre environnement :
Notre culture:
Notre langue maternelle – Les gens qui nous entourent – Les infrastructures mises à votre disposition – Le système politique en place – L’environnement économique – Le système judiciaire – Le temps – Les lois physiques – L’alternance jour-nuit, saisons, etc. – L’influence des astres – L’effet papillon – Les inventions
L’enfance et l’adolescence
Quelques auteurs qui ne croyaient pas au libre-arbitre
John Locke – Albert Einstein – Sir Isaac Newton – Descartes – Pierre Simon Laplace – Martin Luther – Jean Calvin – Voltaire – Arthur Schopenhauer – Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues – Baruch Spinoza – Donald Hebb – Friedrich Nietzsche – Charles Renouvier – Francis Crick – Henri Laborit – Vassilis SAROGLOU – Antoine VERGOTE – Sam Harris – Wolf Singer – Chris Frith – Paul Bloom – Jerry Coyne – Stephen Hawking – John Searle – Geroge Ortega – Thalia Wheatley – Christof Koch – Bruce Hood2.
2. Nos commentaires
Nous avons sur ce site présenté et commenté de nombreux ouvrages et articles de scientifiques et plus particulièrement de neuroscientifiques examinant la question du libre arbitre et celle de la conscience qui lui es étroitement associé. La première de leur démarche consiste, non à nier ces phénomènes au nom d'un matérialisme radical, mais à en rechercher les bases dans le cerveau. Il est en effet incontestable que le corps, à quelque niveau que ce soit dans l'ordre du vivant, et plus particulièrement le cerveau chez ceux qui en sont dotés, prennent en permanence des décisions qui leur permettent de survivre et s'adapter. Ces décisions relèvent de comportements plus ou moins complexes et intriqués impossible à identifier dans le détail, mais qui paraissent tous étroitement déterminés par des causes ou situations existant préalablement. Autrement dit, ils ne sont pas libres, au sens où l'entendent les philosophes ou religions défendant le libre arbitre.
Or il est impossible de nier, même en restant déterministe, que beaucoup de décisions prennent leurs origines non seulement dans le cerveau mais dans les aires neurales associées à la conscience et plus particulièrement à la décision consciente. Il est donc tentant de rechercher si dans le cerveau et plus généralement dans le corps pourraient être identifiées des zones que l'on pourrait considérer comme le siège de la conscience et de la décision consciente. Il faudrait ensuite déterminer si les processus de décision consciente prises au niveau de ces zones sont « libres » au sens où l'entend le libre-arbitre, ou bien sont déterminés par des facteurs ou processus non encore identifiés, mais qui devraient pouvoir l'être par des études expérimentales plus approfondies.
Or jusqu'à présent, il n'a pas été été possible d'identifier des aires cérébrales qui seraient le siège de la conscience. Leur existence est démontrée à tout instant par différents accidents cérébraux se traduisant par la perte de conscience. Mais on ne peut pas individualiser dans le cerveau sain des aires commandant non pas seulement la décision consciente mais ce que l'on pourrait qualifier de décision libre, résultant d'une intervention elle-même libre du sujet, c'est-à-dire dont il assumerait la responsabilité seule et entière. Il semble que ce soit le cerveau global qui intervienne, en relation constante, notamment, avec les appareils sensori-moteurs.
Pour les neurosciences modernes, les phénomènes indiscutables de conscience et de prise de décision consciente relèvent du cerveau tout entier, voire du corps. Ils se produisent de façon par ailleurs très variable et difficile à analyser dans le détail. Mais ce n'est pas là une raison justifiant de faire appel à une cause relevant d'une philosophie séduisante mais indémontrable de la liberté pour les expliquer. Les diverses religions qui par ailleurs depuis leurs origines reposent sur ce concept de liberté pour y voir le reflet d'une divinité quelconque ne sont pas davantage crédibles. Toutes ces considérations permettent donc de confirmer la validité de l'affirmation selon laquelle le libre-arbitre serait scientifiquement réfuté.
Reste cependant à expliquer en termes de science déterministe la perception de liberté - relative- qu'ont toujours eu les individus ou les collectivités confrontés à des décisions. Chacun d'entre nous la ressent en permanence. Même s'ils peuvent admettre que la décision a déjà été prise de façon inconsciente, c'est-à-dire non libre, avant d'être formalisée sous une forme consciente, la grande majorité des humains ne peut s'empêcher en pratique d'évoquer la liberté et les conséquences en termes de responsabilité que celle-ci entraine.
Il n'a aurait notamment plus de règle de droit, civil ou pénal, si l'on postulait que les individus et les collectivités sont entièrement conditionnés au préalable, c'est-à-dire non responsables, pour prendre les décisions qu'ils prennent. De la même façon aucun chef ne s'efforcerait de convaincre ses subordonnés de prendre des décisions contraires aux règles dominantes s'il ne s'estimait pas doté d'une libre volonté l'autorisant à le faire.
Il est cependant possible, en termes déterministes, d'expliquer que l'évolution des individus et des sociétés n'aurait pas été aussi riche et adaptative qu'elle l'a été si les individus n'avaient pas été persuadés qu'ils étaient capables de décisions libres. Mais cette persuasion, et c'est le point important, n'aurait pas été le fait de décisions volontaires antérieures, elle se serait spontanément formalisée et imposée sous forme de contraintes déterministes collectives, ayant émergé si l'on peut dire de la même façon que le langage.
Dans certains cas, elle aurait pris la forme de mécanismes héréditairement transmissibles, inscrites dans les génomes. De la même façon, à un niveau plus simple, dans la vie sauvage, des règles implicites s'étant imposées d'elles-mêmes aux espèces commandent des comportements de fuite à l'égard d'un prédateur - ceci quelles que soient les tendances à folâtrer qui peuvent caractériser les proies.
Dans ces perspectives, il faut considérer que le livre de Jean Robin « Le libre arbitre scientifiquement réfuté » constitue un petit ouvrage simple, de lecture facile, énumérant l'essentiel des conditionnements divers qui nous déterminent, fut-ce à notre insu. Certes l'auteur met pratiquement pratiquement au même niveau tous les déterminismes, alors que certains sont évidents et que d'autres sont plus difficiles à expliquer, notamment dans le cas du cerveau, considéré comme la machine la plus complexe de l'univers. Mais ceci est inévitable, concernant les dimensions de l'ouvrage. Nous nous devons en conseiller la lecture. Dans un siècle où sous l'influence d'un islam de combat se répand à une vitesse inquiétante l'idée que les croyants, inspirés par le Coran, peuvent et doivent remettre en cause tous les fondements de la société, il sera particulièrement nécessaire.
Malheureusement, on peut penser que le livre ne convaincra que des lecteurs déjà convaincus. Le poids des croyances au libre-arbitre, propagées par des structures de pouvoir qui les disséminent pour éviter toute approche scientifique matérialiste et déterministe de la question, continuera à s'imposer. Même un lecteur scientifique, tel il doit l'avouer l'auteur de cet article, ne pourra pas très épisodiquement ne pas se demander « s'il n'y aurait pas quand même quelque chose » fondant le libre arbitre dont il se sent intuitivement doté.
Nicolas Gisin
Ceci fait qu'un certain nombre d'arguments se voulant scientifiques ont depuis longtemps essayé de rattacher le libre arbitre à des causes fondamentales pouvant être inscrites dans l'univers profond. La physique quantique avec ses hypothèses sur l'indétermination a depuis son apparition été utilisée en ce sens, sans caractères bien convaincants du fait du caractère ésotérique des arguments utilisés. Mais les tentatives se poursuivent. Nous avons dans un article récent évoqué le travail du physicien quantique Nicolas Gisin. Le lecteur pourra se reporter à l'article et aux sources citées. Néanmoins nous pouvons ici en présenter une adaptation.
Dans un article du NewScientist, daté du 21 mai 2016, intitulé Time to decide, le physicien quantique suisse Nicolas Gisin, pionnier de la téléportation des états quantique et de l'une de ses applications, la cryptographie quantique, explique pourquoi il ne peut admettre les arguments de la science déterministe selon lesquels le libre arbitre n'est qu'une illusion.
Sa conviction ne découle pas d'hypothèses religieuses selon lesquelles le libre-arbitre aurait été conféré à l'homme du fait que celui-ci ait été fait à l'image de Dieu, dont aucune loi ne peut enchainer la totale liberté de créer ou ne pas créer. Elle peut par contre les rejoindre. Il raisonne sur le libre-arbitre en termes strictement scientifiques.
Il admet que toute la physique macroscopique moderne, depuis Descartes, Newton et Einstein, repose sur l'assomption que l'univers est déterministe. Par extension, dans le cas de sciences comme la biologie ou la neurologie qui ont souvent peine à faire apparaître des lois déterministes, le déterminisme postule que de telles lois existent, y compris sous la forme d'un chaos déterministe ne permettant pas à notre esprit de faire apparaître ces lois, en l'état actuel de nos connaissances.
Aussi bien les cosmologistes pensent pouvoir prédire l'avenir de l'univers avec une certaine dose de certitude, puisque les lois fondamentales de l'univers seraient déterministes. On ne les connait évidemment pas toutes, mais la plupart se découvriraient de plus en plus. Il en résulte que pour eux le temps serait une illusion. Les mêmes causes entraineraient les mêmes effets, même si le cours de ce que nous appelons le temps se trouvait inversé. Ainsi prise à l'envers, l'histoire de l'univers nous ramènerait inévitablement au point initial du big bang, supposé être à l'origine de ce même univers.
Face à ces arguments, Nicolas Gisin fait valoir que des scientifiques de plus en plus nombreux, parfaitement respectables, affirment que la démarche scientifique n'aurait pas de sens sans le libre-arbitre, c'est-à-dire au cas où nous n'aurions aucun pouvoir de décider si une hypothèse est « vraie » ou non. Nous serions obligé de la tenir pour vraie, partant de l'idée qu'un déterminisme sous-jacent doit nous imposer de ne pas nous poser la question. Nous serions seulement libres - et encore - de chercher à mieux connaitre ce déterminisme.
Or c'est le contraire que montre l'histoire de la science. Sans même faire appel à la mécanique quantique qui postule l'intervention de la volonté pour résoudre l'équation de Schrödinger dont l'inconnue est une fonction, la fonction d'onde ( ce que l'on nomme le problème de l'observation), Gisin s'appuie sur des exemples d'indétermination peu souvent évoqués que nous ne reprendrons pas ici. Ainsi de l'utilisation de nombres que Descartes avait nommé des nombres réels, opposés aux nombres qu'il avait nommé « imaginaires ». Les nombres imaginaires sont considérés comme ne correspondant à aucune réalité, compte tenu de la façon dont ils sont calculés, par exemple en faisant appel à la racine carré d'un nombre négatif. Ce n'est pas le cas des nombres réels.
Cependant les nombres réels peuvent eux-mêmes être indéterminés. La plupart d'entre eux, décomposés en leurs éléments, font appel à des séries de chiffres se poursuivant jusqu'à l'infini. De plus, ces derniers, en bout de chaine, n'apparaissent qu'au hasard, sans qu'aucune loi déterministe permettant de permette de prédire leur apparition. Seule une le traitement des nombres faisant appel à une décision volontaire permet de ne prendre en considération que les premiers chiffres de la série.
On objectera que le traitement des nombres est en fait déterminé par des structures neuronales propres à notre cerveau, elle-même bien déterminée. Mais Nicolas Gisin rappelle que les systèmes relevant de la théorie du chaos au sens strict, c'est-à-dire d'un chaos qui n'a rien de déterministe, sont partout dans la nature. C'est le cas notamment de tout ce qui concerne la vie et son évolution - sans mentionner les systèmes quantiques déjà évoqués. L'indétermination est partout, jusqu'au moment où elle est déterminée par les choix eux-mêmes non déterminés a priori faits par les êtres vivants.
Ceci dit, observons pour notre compte que l'indétermination et plus encore le libre-arbitre, sont de simples concepts que la science se refuserait encore aujourd'hui à définir. Elle ne les identifie que par leurs effets visibles. Ne faudrait-il pas aller plus loin? Que signifie la liberté de choix pour les êtres vivants. Certainement pas la liberté d'aller où que ce soit dans l'espace.
Il faudrait peut-être envisager que le libre-arbitre soit une propriété fondamentale des êtres vivants, leur permettant de résoudre à leur avantage les indéterminismes profonds du monde? Ceci se ferait au niveau quantique, par la résolution incessante des fonctions d'onde auxquelles se trouvent confrontés ces êtres vivants. Mais ceci, d'une façon plus évidente, se produirait en permanence dans le monde physique. Par le libre-arbitre, les êtres vivants, fussent-ils considérés comme primitifs, et donc entièrement déterminés, choisiraient spontanément et librement les conditions de la nature les plus convenables à leur survie et leurs développements. Ainsi de proche en proche, ils se construiraient un monde déterminé dans lequel ils évolueraient en faisant simultanément évoluer ce monde.
Le libre-arbitre ne permettrait donc pas d'inventer des mondes entièrement nouveaux. Il se bornerait à rendre actuelles des possibilités préexistantes, en les « choisissant ». On retrouve là, au niveau de la physique macroscopique, l'interprétation dite de Copenhague, popularisée par Werner Heisenberg. L'observation, dans la théorie dite de la mesure, « résout » la fonction d'onde du système quantique en l'obligeant à choisir entre un certain nombre de possibilités en principe préexistantes.
Or, écrit Nicolas Gisin, le concept de temps n'est pas exclu de ce processus. Le résultat d'un événement quantique, tel que la mesure d'un système donné, non déterminé à l'avance, se situe dans un temps différent de celui où ce résultat est acquis, avec toutes les conséquences en découlant. Il s'agit d'une création authentique, apparue dans un temps non réversible, qui ne pouvait être connue à l'avance en faisant appel à une équation déterministe.
Nicolas Gisin a nommé ce temps un « temps créateur » , creative time. La science ne comprend pas bien aujourd'hui ce concept, mais la théorie de la gravitation quantique pourrait changer les choses. Elle obligera à une synthèse entre la théorie einstenienne de la gravité, entièrement déterministe, et le hasard introduit par l'observateur d'un système quantique.
Si l'on accepte cette hypothèse, il faudra en revenir à la question que nous avons précédemment posée. Faudrait-il admettre que le libre-arbitre, à quelque niveau qu'il s'exprime, serait dans la nature même de l'univers, ou du multivers si l'on retient cette dernière hypothèse. En ce cas, dans un univers supposé être évolutif, quelle serait l'essence profonde du phénomène ou, si l'on préfère, comment serait-il apparu? Et se poursuivra-t-il lorsque l'univers que nous connaissons aura disparu?
Toutes ces hypothèses concernant le libre-arbitre ne conduisent évidemment à des « certitudes » scientifiques, ceci d'autant plus qu'il sera longtemps difficile voire impossible de les mettre à l'épreuve dans des dispositifs expérimentaux. Il paraît difficile cependant d'affirmer, comme Jean Robin, que le libre-arbitre soit scientifiquement et définitivement réfuté. Ou tout au moins, si on le fait, il faut que ce soit à l'intention des profanes toujours tentés de faire appel à des considérations mythologiques ou religieuses.
Cela ne saurait interdire à des chercheurs scientifiques de se demander si des lois fondamentales de l'univers ne pourraient pas expliquer l'étonnante rémanence du concept de libre-arbitre.
Réaction de Jean Robin
J'ai reçu de Jean Robin cette réaction à la lecture de mon article. Je l'en remercie. JPB
merci pour cette recension richement argumentée. Jje me permets de relever quelques erreurs :
- sur la religion et le libre arbitre : toutes les religions au monde croient au libre arbitre, sauf une, le christianisme biblique tel qu'expliqué par les protestants de la réforme, luthériens et calvinistes.
Luther a même écrit une somme de 700 pages intitulée "Le serf-arbitre" dans lequel il écrit, versets de la bible à l'appui, que Jésus nous explique tout au long de la Bible que le libre arbitre n'est qu'une illusion, dont le résultat est de nous rendre esclave du péché. La vérité vous rendra libre, et la vérité c'est Jésus.
- sur l'indétermination : elle ne prouve pas le libre arbitre.
- sur les personnalités qui ne croient pas au libre arbitre : je trouve dommage de ne pas en avoir parlé (outre les noms dans le sommaire) car la pensée d'un Spinoza ou d'un Nietzsche par exemple me paraissent lumineuse de ce point de vue, et permettent d'éclairer la réflexion scientifique.
- sur le reste : je pense que vous êtes passé à côté de l'essentiel, à savoir que la science démontre que le libre arbitre, s'il existe, est si réduit qu'il est nul.
Je cite quelques dizaines de facteurs dans mon livre, il en existe en fait des milliards de milliards, s'exerçant sur nous en permanence !
En effet les facteurs qui nous conditionnent s'additionnent et se renforcent, créant une sorte de toile d'araignée à laquelle rien ne semble pouvoir échapper.
Sauf à croire à la magie naturellement, ou à Dieu (le cas des luthériens et calvinistes), mais ce n'est pas votre cas je crois.
Seule une force incréée, infinie, et non soumise au temps et à l'espace pourrait en effet échapper à la loi de la causalité.
Mais c'est un autre débat...
Je suis tout de même ravi par cette recension, ne vous y trompez pas ;)
Je la relaie donc sur mon site Enquête & Débat, afin de faire un peu de pub à mon tour à votre site : http://www.enquete-debat.fr/archives/critique-de-le-libre-arbitre-scientifiquement-refute-64921
Ma réaction à la réaction
Je suis bien d'accord avec ceux, tel votre livre, expliquant que la science réfute à juste titre le libre-arbitre. J'ai seulement voulu évoquer, dans la partie du commentaire évoquant le travail de Nicolas Gisin les hypothèses de ceux qui se demandent si la biologie quantique (voyez un article précédent ) ne pourrait-elle pas suggérer une capacité fondamentale de la vie à lever les indéterminations (résoudre la fonction d'onde) des particules quantiques afin d'en faire des particules matérielles adaptées à leurs besoins.
Lever une indétermination ne signifie évidemment libre-arbitre, mais seulement que les déterminismes en résultant montrent l'existence d'un indéterminisme fondamental caractérisant le monde quantique dont le monde macroscopique est issu. Il pourrait s'agir de ce que l'on pourrait appeler une loi fondamentale de l'univers. Autrement dit le déterminisme ne serait pas une propriété fondamentale de l'Univers.
Voyez aussi le livre de Gisin L'impensable hasard . Il traite surtout de téléportation quantique mais les bases s'en appliquent à toutes les procédures quantiques, qu'elles soient cosmologiques au sens large, matérielles ou biologiques. Ceci dit, comme je l'avais indiqué, il ne s'agit encore que d'hypothèses. Mais elles ouvrent un peu le regard par rapport à l'acception actuelle du concept de déterminisme
Réaction d'Alain Cardon
Le problème est que la génération de toute pensée est une construction émergente qui est ou bien conduite ou bien générée par réaction et sans intention. Et c’est une émergence qui est un construit satisfaisant simplement à une visée et qui n’est
donc pas une production totalement dirigée et conduite par l’individu
qui utilise son système psychique. Le cadre de cette émergence a été développé dans mes publications et le sera encore dans le prochain livre de Pierre Marchais auquel je collabore.
Mais cette position nécessite de bien connaître des domaines scientifiques différents, l’Intelligence Artificielle, la construction effective des productions des systèmes multiagents massifs autocontrôlés morphologiquement, puis le psychisme et la transposition de l’architecture calculable complète dans la connaissance effective du psychisme humain, avec les notions de régulateurs, de contrôleurs et d’émergence multi-facettes, ce qui explique de très nombreuses pathologies, ce que nous avons publié avec Pierre Marchais.
La notion de libre arbitre est donc celle de la production d’un processus émergent multi-caractères dans une architecture très morphologique utilisant fortement le parallélisme et même l’équivalent de l’intrication et où chaque émergence altère de façon distribuée ce qui l’a produit, formant ainsi la mémoire très dynamique du système psychique. Cela n’a donc rien à voir avec la conception radicale d’un esprit humain qui serait la cause absolue de tous nos actes.
Ma réaction à la réaction d'Alain Cardon
Ce commentaire évoque trop sommairement un thème important de l'Intelligence artificielle dite autonome, qu'Alain Cardon a mis en centre de ses recherches actuelles: comment simuler le libre arbitre dans des systèmes artificiels, dont certains sont dit "massivement multi-agents", visant à l'autonomie? Il faudrait tout un article pour mettre à jour ce que nous avons écrit sur ce thème ici. JPB